Exposition de photographies réalisées à l'argentique en Arménie, par Aminata Beye, à NationPhoto Monge.
Exposition Ici, les ruines chantent
« Juillet 2024, je pars en Arménie pour quinze jours. Tamara Stepanyan, réalisatrice, m'a demandé de venir pour faire des photographies de plateau sur le tournage de son premier long métrage de fiction. Hovnatan Avédikian, comédien et acteur dans le film, loue une voiture et pendant ses jours off on sillonne des recoins du Nord de l'Arménie.
Les routes sont sinueuses, il me semble parfois que nous sommes au bout d'un monde. Les monastères cachés par la végétation parsèment les paysages.
Là-bas, chaque pierre semble nous porter un message.
Là-bas, chaque ruine semble nous chanter son histoire.
Là-bas, la jeunesse semble meurtrie et porter une grande douleur.
Là-bas, les ancien.nes nous ont donné de la lumière.
Là-bas, la flamme des bougies danse sur les murs noircis des églises et des monastères.
Là-bas, les abricots ont une saveur particulière, ils semblent gorgés de crème et sont si juteux.
Là-bas, le temps semble figé et flotter autour de nous.
Là-bas, la nature a une odeur gorgée de soleil.
Là-bas, les chiens ont un regard humain, comme si les âmes des soldats décédés revenaient protéger les vivants.
Là-bas, j'ai vu beaucoup de corps meurtris.
Là-bas, j'ai entendu le son du Duduk raisonner dans le Monastère où a vécu Sayat Nova.
Alors, là-bas j'ai tenté d'inscrire mes ressentis dans la matière argentique et de mettre en poésie le chant des ruines.
J'espère que chacun.e de vous voyagera un peu grâce à ces photographies.
Des fuites de lumière comme un langage des esprits.
Car là-bas, nous ne somme jamais vraiment seul.e ».