Une Nuit Blanche 2025 autour de la résistance : rencontre avec Valérie Donzelli, directrice artistique de l’événement incontournable de cet été

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Mise à jour le 30/04/2025

Valérie Donzelli prend la pose devant une fenêtre d'un appartement parisien
Pour cette 24e édition de Nuit Blanche (le 7 juin), la direction artistique a été confiée à une cinéaste. Et quelle cinéaste, puisque c’est Valérie Donzelli, également actrice, qui sera à la tête de l’événement ! On l’a rencontrée en plein tournage pour glaner quelques informations précieuses sur la folle nuit qui attend les Parisiennes et les Parisiens.

Quelle a été votre première réaction quand Anne Hidalgo vous a appelée pour chapeauter Nuit Blanche 2025 ?

J’étais un peu étonnée ! Je ne savais pas exactement quel était l’enjeu de cette mission, d’autant que je ne suis pas curatrice d’art, mais cinéaste. Après, étant assez aventurière et friande de nouvelles choses à explorer, le challenge m’a plu. Donc c’était un mélange de plusieurs émotions : j’étais à la fois surprise, honorée, amusée…

Comment votre œil de cinéaste peut-il nourrir Nuit Blanche 2025 ?

Moi, ce qui me plaît, c’est de raconter des histoires. J’ai donc réfléchi à Nuit Blanche comme je le fais avec mes films : je me suis demandé ce que j’avais envie d’exposer à travers cet événement, comment je souhaitais retranscrire cette histoire.

Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet de la programmation ?

J’ai imaginé cette Nuit Blanche autour de la résistance par l’art. La programmation a été conçue avec différents artistes, qui sont également des résistants face au monde tel que nous le connaissons aujourd’hui, c’est-à-dire un monde basé sur l’argent, le profit, le gâchis. L’idée, c’est de montrer comment le jour est devenu une sorte d’ombre carcérale quand la nuit se mue en un espace de liberté où l’on peut être qui l’on veut, où l’on peut imaginer, rêver, créer…

Quels seront les artistes conviés ?

J’ai invité plusieurs artistes de différents collectifs. Des artistes qui sont actifs politiquement, que ce soit dans leur travail ou dans leur rapport à l’art. Chacun viendra nourrir des histoires autour de la résistance.

Le cinéma aura-t-il une place de choix dans la programmation que vous avez imaginée ?

Bien sûr ! Il y aura des projections qui seront diffusées dans des salles de cinéma, mais aussi dans la ville en plein air, sur des murs et des places. À travers cette programmation cinématographique, on entend mettre en avant des femmes cinéastes, qui ne sont plus avec nous aujourd’hui, mais qui ont marqué l’histoire du cinéma. J’ai également souhaité valoriser toute forme de cinéma, pas seulement la fiction, avec un choix de films expérimentaux, de comédies, de documentaires…
Vous pourrez aussi (re)découvrir l’œuvre d’un artiste emblématique de Nuit Blanche : Michel Gondry. Résistant de l’art, il est à la fois capable de faire des films avec de très petits budgets, en bricolant avec ses ciseaux et sa colle UHU, et des superproductions américaines. Et puis, il a un rapport à l’art et au collectif très puissant, notamment parce qu’il a fondé « L’Usine de films amateurs », qui va d’ailleurs être reprise à Villejuif (Val-de-Marne) de façon indépendante le soir de la Nuit Blanche. Pour l’occasion, il a spécialement conçu un film d’animation, dont j’ai en partie construit la narration, et qui sera diffusé dans différents endroits de la capitale.
Enfin, il y aura aussi un hommage aux morts et aux disparus, à travers un parcours sonore dans les Catacombes (14e). Le but ? Adresser une pensée à travers l’art et l’écriture, à toutes ces personnes invisibilisées et qui ont été enterrées de cette façon dans ces fosses communes. Nous souhaitons ainsi rappeler l’importance de la vie, la ramener à sa beauté, à sa préciosité, et montrer combien nous avons parfois tendance à la gâcher de manière honteuse.

Ce sera une Nuit Blanche militante ?

C’est une Nuit Blanche que je veux totalement poétique, avec des armes douces, afin d’inviter les promeneurs à rêver, à prendre le temps de regarder autour d’eux, à changer leur perception du monde, qui va parfois vers la rapidité et l’efficacité. J’ai envie de les ramener à quelque chose de beaucoup plus doux.

D’ailleurs, quel est votre rapport à la nuit parisienne ?

Il a évolué avec les années. Lorsque j’étais étudiante, je vivais surtout la nuit. Je retrouvais mes amis chaque week-end et on allait de fête en fête. Au départ, chez les uns et chez les autres, puis dans les boîtes de nuit. C’était la fin des années 1990, la grande période du Baron (8e), où j’allais souvent. Ensuite, j’ai eu des enfants, donc je suis un peu moins sortie, d’autant que j’ai eu une histoire particulière. Mais j’aime Paris, j’aime ma ville depuis toujours, et dans toutes ses formes.

Quels sont les lieux culturels de la capitale que vous aimez le plus ?

J’adore le musée de la Chasse et de la Nature (Paris Centre). J’aime beaucoup également le Centre Pompidou (Paris Centre), le musée d’Orsay (7e), le Palais de Tokyo (16e). Évidemment, je trouve la tour Eiffel (7e) magnifique, tout comme les colonnes de Buren (Paris Centre). J’affectionne aussi tout particulièrement le parc Montsouris (14e) parce qu’il est romantique, bourré de charme et que l’on peut y pique-niquer sur les pelouses, comme à Londres, où j’ai déjà séjourné.

Avez-vous des arrondissements de prédilection ?

J’ai un faible pour le 18e arrondissement, notamment vers le cimetière Montmartre, dans lequel j’ai tourné Nonna. J’aime particulièrement le quartier de la Goutte-d’Or, la rue Custine… Et puis, j’adore le 14e arrondissement, là où je vis.

Un dernier mot sur vos projets de l’année 2025 ?

Je suis à l’affiche de Les Musiciens, de Grégory Magne, en salles le 7 mai. Surtout, je suis en plein tournage de mon prochain film, dont je signe la réalisation !

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